(Petite psychologie au sein de l’atelier de Lady Europa.)
Ou très exactement, je recommence à arrêter…
En effet, j’avais déjà stoppé la vilaine il y a plusieurs années et ce pendant 4 ans, mais l’enterrement de ma mère en 2018 a eu raison d’absolument toutes mes velléités à la sanité.
Il est temps : mon corps commence à montrer des signes de fatigue et j’ai amplement profité de tous les « plaisirs » que la cigarette comme l’abus de gourmandises ou le triptyque chips-fromage-saucisson nécessaire voire vital à toute soirée film familiale apportent.
Mais d’un côté, même si je suis absolument convaincue des méfaits de la cigarette : ça pue, c’est toxique, Bla-bla-bla vous connaissez tous la suite,
j’ai toujours adoré ces images des années 20 montrant de magnifiques jeunes femmes le porte-cigarette à la main et qui m’ont inspiré de nombreuses peintures : Ô ambivalence quand tu nous tiens …
Alors oui, j’avais arrêté de m’enfumer quotidiennement pendant 4 ans toutefois j’avais allègrement compensé par la nourriture, qu’elle soit gastronomique ou en malbouffe d’ailleurs, ce qui a engendré 20 kg supplémentaires d‘absolument non-muscles à transporter chaque jour et qui sont toujours là aujourd’hui.
Il est vrai que je fais partie d’une famille titanesque et nous sommes quasiment toujours tous dans l’excès :
Excès d’amour, d’amitié, de sensualité, de précision, de minutie, de rires, d’espoirs, de poésie, de livres, de dessin, d’alcool ou de travail.
Nous sommes des géants indissociables, une fratrie que beaucoup nous envient, des ogres titanesques aux besoins ardents ; nos engueulades sont légendaires et nos rires tonitruants ; pas un repas sans excès de discussions qu’elles soient philosophiques ou sur un détail d’une série Z sans intérêts : tout, absolument tout est dantesque : en vérité, nous sommes juste vivants et mes rêves ne font pas exception.
Mes émotions, mes peurs, mes désirs sont démesurés, mon besoin de sécurité est dévorant et l’Art ne me permet qu’en partie de canaliser tout cela.
Mes rides de rires sont flagrantes, et toutes ses émotions se retrouvent dans chaque coffre que je réalise ou chaque peinture que je cache au fond de l’atelier voire que je détruis sans états d’âme n’en voyant que les défauts.
Certains trouveraient mon quotidien ou celui de mes frères et sœur insupportable, et pourtant il est fabuleux à vivre (mais parfois fatiguant, je vous l’accorde) car en parallèle nous disposons tous d’une conscience extraordinaire, d’une clarté de raisonnement, d’une rigueur mentale et d’un équilibre instinctif.
Mais, si j’écarte pour une quelconque raison l’un de ces excès, un autre prend immédiatement le relais : je compense (et eux aussi, je vous rassure).
Compenser : là est réellement mon problème !
Pourtant, ai-je tant besoin de quelque chose au plus profond de moi-même que je ne puisse être capable d’affronter la vie ou le quotidien sans une « aide » quelle qu’elle soit ? même nocive ?
Car en fait, je l’avoue, d’un côté je suis assez fière de tout ce que j’ai réussi à accomplir mais en parallèle et de façon très ambivalente, je ne m’aime pas beaucoup et je n’ai pas vraiment confiance en moi.
Je déteste être le centre de l’attention, si je dois parler en public (plus de 2 personnes...) même d’un sujet que je connais sur le bout des doigts, je suis au bout de ma vie et j’ai toujours l’impression si l’on me fait des compliments qu’ils sont totalement erronés : que la personne s’est trompé d’interlocuteur.
Je ne vous parle même pas de me regarder sur une photo où je ne me vois que des défauts.
Mais bon sang, qu’est ce qui est donc si difficile et que je n’arrive même pas à percevoir ?
Alors, j’ai décidé (là est la véritable action) d’appeler mon bon vieux médecin !
Mon médecin (que je ne vais voir qu’une fois tous les 5 ans … si je suis motivée…) a 78 ans ;
Il exerce toujours en cabinet 6 jours par semaine 10 heures par jour ; il est docteur en médecine traditionnelle bien entendu, mais aussi ancien commando parachutiste, a pratiqué les arts martiaux à très haut niveau, il a passé des années en Asie en pratiquant la médecine anthroposophique et exerce depuis plus de 40 ans en psychologie comportementale avec de remarquables résultats particulièrement grâce à l’hypnose.
Bref, j’admire infiniment cet homme et surtout il devrait m’apporter des réponses !
A la relecture de ce paragraphe, je vous avoue avoir un peu l’impression de lire le descriptif des jolis papiers parfois déposés dans ma boite aux lettres ou tendus à la sortie du métro Porte de la Chapelle à Paris : Mamadou, grand marabout, chassant pour toujours les problèmes de cellulite…
C’est assez amusant, d’un côté, j’ai réellement envie d’arrêter de fumer et je sais pertinemment que cet homme pourra m’aider sans aucun problème mais prendre rendez-vous reste un effort.
Je sais que ce qu’il me dira ou fera réveillera en moi certaines peurs, chamboulera mes pensées, mes habitudes, me forcera à aller plus loin dans ma réflexion, que cela se répercutera dans l’atelier et … je déteste ça !
J’aime mon petit train-train, mes petites certitudes : elles m’ont construites, protégées, permis bon an mal an de réaliser de nombreux rêves et de grands projets.
Mais il est temps.
Alors, sachez que cela n’a pas loupé : 2 rendez-vous sur 4 et je m’interroge à tous moments de la journée !
Je vais essayer de vous retransmettre avec mes mots ce qu’il m’a expliqué et essayé de faire comprendre.
Pour faire simple, je suis moi : Sieghilde, une conscience, une réalité ce que je suis en vrai. Bref moi. Imaginez votre Moi, en une grosse bulle. Elle est là, elle vit parfaitement sans problème aucun, elle est tout ce que je suis : le factuel, la réalité.
Et l’entourant voir la chevauchant, plusieurs petites bulles : l’imagination, l’ego et un certain nombre d’autres trucs que j’ai allègrement oublié (ce n’est pas pour rien que Louis-Ferdinand Céline surnommait Sartre « l’agité du bocal » (ou « le ténia » d’ailleurs)…mais continuons…
La bulle de l’imagination permet à l’homme de prévoir, de visualiser et donc de se préparer à l’action particulièrement en cas de danger, en cas de peurs.
L’ego lui est beaucoup plus fourbe (à mon sens) car plus il est développé, plus il entrave ou pervertit l’action.
Nous avons tous l’habitude d’associer la notion d’ego en tant que notion d’accorder une certaine importance à sa personne, et s'affirmer devant autrui en tant qu'individu singulier. Une personne qui a trop d'ego pourra être qualifiée de présomptueuse ou d'égocentrique. Mais en réalité, quelqu’un qui n’est pas sûr de lui, qui est timide voire timoré a aussi un égo surdéveloppé
Cet ego se manifeste souvent au-travers de votre autorité et de votre désir, bien souvent inconscient, d'imposer aux autres vos idées, vos façons de penser ou d'agir mais pire de les imposer à vous-même.
Et là, le plus important :
Vous pensez que ce que vous dites ou faites est bien ! Voire nécessaire ! Et si vous l’associez à votre imagination : vous créez des réflexes d’action qui vous semblent indispensables.
Je vais vous donner quelques exemples :
- Je pense que pour commencer voire affronter ? une journée, j’ai besoin d’une cigarette ! (Ou d’un gros petit-déjeuner, ou de dessiner avant de m’habiller… bref tout ce que vous voulez penser).
- Je pense que je dois profiter du temps d’attente de mon train pour impérativement continuer à lire mon dernier bouquin entamé.
- Je pense que j’ai besoin d’une cigarette lors d’une pause entre deux travaux.
- Je pense que j’ai faim lorsque je rentre du travail (que celui qui n’a jamais ouvert machinalement la porte du réfrigérateur en arrivant chez lui le soir me jette des cailloux).
- Je pense que j’ai besoin d’une cigarette pour m’aider à réfléchir à un problème en cours.
- Je pense que si la pelouse de mon jardin n’est pas parfaitement tondue, les voisins vont clabauder (ça, c’est vrai : j’habite un village … mon imagination ne rentre même pas en compte dans ce cas précis)
- Je pense que si je ne fais pas de sport intensif, j’aurai mal au dos.
- Je pense que si je vais vers les autres, ils vont s’apercevoir que je ne suis pas très belle alors n’y allons surtout pas et compensons par des fraises tagada.
Bref… tout ce que vous imaginez penser.
En vrai, vous ne pensez même plus : vous avez acquis des réflexes :
- La journée commence : vous allumez une clope !
- Vous attendez le bus : vous grignotez votre pain au chocolat !
- Vous conduisez votre véhicule en allant travailler : il vous faut écouter la radio pour la météo ou les informations.
-
Bref, ce que vous avez imaginé prend une consistance telle que vous avez développé des réflexes d’action.
Mais ce que vous pensez n’est pas réel. Il n’est pas vous, il n’est pas votre conscience, votre réalité et surtout, surtout, encore moins ce que les autres pensent de vous !
Sincèrement, est-ce que si je ne fume pas de cigarettes le matin, la journée sera plus compliquée ?
Est-ce que si je ne fume pas en attendant que le train arrive, le temps passera réellement moins vite ?
Est ce que si je n’ouvre pas le frigo en arrivant alors que j’ai déjeuné copieusement 4 heures avant je vais tomber d’inanition ?
Est-ce que si je mange des sucreries je serai moins timide et pourrai me transformer en oratrice hors pair ?
Est-ce que si mon travail n’est pas réalisé dans le stress de l’urgence, je vais être licenciée ou que mon client sera déçu, voire pire que je serais moins performante ?
Est-ce que si je ne bois pas 214 cafés le matin, je resterai endormie pour les 12 prochaines heures ?
Est-ce que si je ne fume pas lorsque j’imagine une structure financière je vais arrêter de penser ? que mon cerveau se transformera en limace morte et desséchée (oui, oui, parfois, j’ai cette impression) ?
Mon égo présomptueux associé à mon imagination débordante a créé des réflexes qui me semblent vitaux mais qui en réalité ne sont même pas nécessaires.
Et maintenant allons plus loin dans cette pensée :
Si je réfléchis bien, je fume ou je mange ou ce que vous voulez pendant principalement les temps d’attente, les temps de pause :
En gros j’allume la bouilloire ou la cafetière et je fume en attendant que l’eau bout ou que le café passe.
Quelqu’un d’autre en profitera pour lancer le lave-vaisselle, pour vérifier son sac à main, mais surtout et toute personne qui m’entoure le fait : attrapera son smartphone pour vérifier ses mails voire pire les commentaires ou ses likes sur les réseaux sociaux.
Alors, en réalité, est-ce si difficile d’attendre sans rien faire ?
Suis-je obligée d’être dans l’action à tout moment ?
Pourquoi ne pas juste regarder le café passer, parfaitement consciente de ce qui m’entoure et laisser mes pensées dériver sans contrainte aucune en attendant simplement que mon divin nectar (vital, lui…) ne se dépose dans ma tasse.
Pourquoi être sans cesse, et ce pour des détails sans aucun intérêt, dans l’action ?
J’avais vu il y a peu de temps une amusante image dessinée qui montrait un homme regardant le café couler pendant 5 minutes alors que, pendant le même laps de temps, Madame en profitait pour faire tourner le lave-vaisselle, vérifier les plannings, écrire 14 mails et payer 2 factures.
L’image, ricanante, et dans la plus parfaite misandrie m’avait beaucoup parlée en tant que mère ou épouse : je m’y retrouvais parfaitement.
Mais en réalité, qu’est ce qui oblige Madame à réaliser tout ça ? Son imagination associée à son ego lui ont fait croire que si elle ne profitait pas de chaque seconde pour s’occuper, elle serait une mauvaise mère, une mauvaise maitresse de maison, que c’était « mal ?
La réalité, est d’une part que la parfaite tenue du foyer en matière de ménage ne présume en aucun cas la personne que nous sommes : suffisamment de faits divers dans les journaux montrent d’ailleurs bien que l’image renvoyée à l’extérieur n’a absolument aucun rapport avec la réalité du quotidien au sein d’un couple ou d’une famille et d’autre part que l’action constante dans le temps n’est jamais vitale.
Oh mon Dieu, je n’ai pas profité de mes 8 minutes d’attente entre 16h02 et 16h10 avant l’arrivée des enfants pour faire tourner une lessive ! Diantre ! Inadmissible ! Enfer et damnation ! Que sais-je encore…
Tout ça pour dire que si je veux réellement arrêter de fumer, et ce sans aucunement compenser par la nourriture (d’autres le feraient par l’alcool ou le sport d’ailleurs), il faut d’abord que je change ma perception, mes pensées.
Que j’arrête de croire que ce que je pense est vrai, est la réalité.
Que mon ego reprenne sa juste taille : que je m’interroge sur chaque action même totalement minime, habituelle ou instinctive avant de l’entreprendre.
Bref : je n’ai absolument pas besoin de fumer ou de manger des sucreries ou de pratiquer du sport (je vous rassure, ce dernier point n’arrive absolument jamais) pour être ce que je suis.
Moi ou mon art.
Je ne suis pas ce que je pense.
… Dans 2 séances normalement associées à l’hypnose, je vous raconterai la suite et fin…
... J’ai hâte …
Et en attendant vous pouvez, si vous le désirez et si cet article vous parle, laisser un commentaire un peu plus bas (oui, oui, c'est de l'Action avec un grand A :-) )
Je m'aventure sur votre site après vous avoir entendu sur les ondes d'une radio parisienne et découvre votre article qui évidemment me parle au point de croire que je vous connais déjà très bien. Sensation troublante.
Fasse que votre réflexion courageuse vous permette d'atteinte le but recherché. J'en suis sûr !
Christophe
Et en même temps, si on ne lance pas la machine, prépare pas la soupe dans ces 5 mintutes cela ne va pas se faire tout seul. Et faire ses tâches avec une ribambelle de petits canards derrière tes fesses qui crient maman maman maman c'est bien plus une source d'angoisse. Mais oui certains moment sont propices à ne rien faire : observer les gens dans le métro le nez dans le téléphone, arriver le plus doucement possible à un feu vert pour qu'il passe au rouge, à nous de trouver nos moments de déconnexion !
Merci pour ton super article sieg!
Merci Sieghilde pour ce partage de réflexions qui invite aux miennes. Je ne fume pas, ne bois pas de café mais comme nous tous, j'ai des actions-réflexes, des rituels, des "addictions ?"... J'ai drastiquement réduit mes actions "vitrines" (rangement, entretien au carré du jardin, de la voiture, de l'apparence...) qui flattaient mon ego à travers le jugement d'autrui, pour ne plus m'investir que dans l'intendance nécessaire à mon bien-être égoïste. Cela me rend heureuse d'avoir libéré du temps pour observer, apprendre, partager, ressentir, me sentir à ma place seule ou avec les autres, ici ou ailleurs, quelque part dans notre vaste monde. Kayak et sophrologie m'accompagnent dans cette aventure riche de multiples bonheurs de chaque instant. En ce début d'année,…
Ma très chère Sieg,
Tes textes sont toujours autant de vérités et de plaisir à lire. Je m'y retrouve dans chaque phrase (sauf pour la cigarette😋).
Il me tarde de te lire très vite.
Bises
Estelle