J’ai toujours été fascinée par les labyrinthes !
Cette figure millénaire retrouvée dans de multiples civilisations et qui a trouvé son apogée en Europe.
Que ce soit en Scandinavie avec le labyrinthe de pierre de Visby sur l’ile de Gotland en Suède, en Crète avec celui enfermant Dédale et Icare de nombreuses fois représenté comme sur le statère de Cnossos ou à l’époque médiévale sur le dallage de la Cathédrale de Chartres consacrée à Marie et à l’allégorie de la caverne, le labyrinthe est une figure emblématique de la quête, des tournants de la vie, de l’aboutissement de la spirale du temps du char solaire de Trundholm retrouvé au Danemark en 1902 .
Qu’il soit végétal au sein du bosquet de la Reine à Versailles ou dans « Harry Potter et la coupe de feu », le labyrinthe est le fruit des choix de vie et d’une quête de sens.
Si en français, il n’est qu’un seul terme pour le labyrinthe, dans d’autres langues, on peut entendre le Maze : Labyrinthe multicursal rempli d’écueils, de fausses issues, d’impasses ; dédale de couloirs piégés où les repères sont brouillés contrairement au « Labyrinth » unicursal qui ne dispose que d’un seul chemin sans aucun piège mais empli de circonvolutions tortueuses pour arriver au centre.
Ma vie est parfois compliquée ; je suis emplie de doutes, sur moi-même, sur mes actions, sur le sens de mon existence et j’ai passée l’hiver à m’interroger sur le labyrinthe de ma destinée.
Je suis naturellement et constamment dans la réflexion et je m’oblige (et les Dieux savent combien c’est un effort sur moi-même...) à être dans l’action : l’instant présent, la décision :
Ne pas espérer : réaliser !
Ne pas vouloir : décider !
Ne pas attendre : prévoir !
« Là où il y a une volonté, il y a un chemin » !
De nombreux poèmes évoquent le côté sombre du labyrinthe ; ce minotaure central qui dévore les jeunes gens, ce désespoir qui peut s’engouffrer sans espoir de retour à moins de disposer du fil d’Ariane de la famille, de la spiritualité ou de l’obligation de dépassement de soi.
Ces malédictions, ces blasphèmes, ces plaintes, Ces extases, ces cris, ces pleurs, ces Te Deum, Sont un écho redit par mille labyrinthes ; C'est pour les cœurs mortels un divin opium !
(Charles Baudelaire, Les phares ; Spleen et Idéal, 1868)
J’erre au fond d'un savant et cruel labyrinthe,
Et mes pieds, las d'errer, s'éloignent de ton seuil.
Sur mon front brûle encore la fièvre mal éteinte ...
Dans l'ambiguïté grise du Labyrinthe,
J'emporte mon remords, ma ruine et mon deuil…
(Renée Vivien, la Vénus des Aveugles, 1904)
Le labyrinthe c’est aussi cet instant sans fin, inextricable, que l’on peut observer attentivement dans de nombreux dessins de Maurits Cornelius Escher comme La maison aux escaliers (Relativité) où la quête perd son sens premier pour ne devenir qu’une répétition constante des gestes appris ; boucles fermées en impasses où l’on peut indéfiniment se perdre
« Je me perds dans le labyrinthe du faune J’ai crié cents fois dans la cour carrée Pour que ton nom lugubre sonne »
(Luis Saudade, Le Labyrinthe, 2014)
Mais est ce que l’objet de ma quête se situe au centre du labyrinthe ?
Et s’il fallait plutôt en sortir, ôter mes doutes pour aller vraiment de l’avant ?
Il n’y a pas de porte. Tu y es Et le château embrasse l’univers Il ne contient ni avers ni revers Ni mur extérieur ni centre secret. N’attends pas de la rigueur du chemin Qui, obstiné, bifurque dans un autre, Qu’il ait une fin. De fer est ton destin Comme ton juge. N’attends pas l’assaut Du taureau qui est homme et dont, plurielle, L’étrange forme est l’horreur du réseau D’interminable pierre qui s’emmêle. Il n’existe pas. N’attends rien. Ni cette Bête au noir crépuscule qui te guette. (Jorge Luis Borges, Éloge de l’ombre, La Proximité de la mer, 1968)
Ou bien au contraire, observer la vie comme un labyrinthe en rhizome, « réseau entrelacé et infini de voies dans lequel tout point est connecté à divers autres points mais où rien n'empêche l'instauration, entre deux nœuds, de nouvelles liaisons, même entre ceux qui n'étaient pas reliés avant. Chaque route peut être la bonne. Le rhizome est donc le lieu des conjectures, des paris et des hasards, des hypothèses globales qui doivent être continuellement reposées, car une structure en rhizome change sans cesse de forme » (diaporama-une-forme-le-labyrinthe, académie de Lille):
Labyrinthe en rhizome que je réalise constamment en dessinant des entrelacs celtiques.
Alors, certes, ma vie est un labyrinthe mais ayant des enfants, je me retrouve aussi gardienne, sentinelle et guide de la leur, ce qui donne finalement un véritable sens à l'existence.
Je serai la lumière Dans le brouillard stagnant Du labyrinthe de tes craintes Éclairant la brume D’un faisceau tremblant Du manque de pétrole Dans le réservoir de la lampe Que je tiens depuis des années Au-dessus de ma tête Pour percer l’opacité Du mur naturel qui m’entoure !
Je serai la sentinelle Gardien du temple sacré Qui te guidera parmi les ombres Fascinés par la beauté De ton corps intact Vers ta retraite éternelle ! Et je t’attendrai sur le seuil Pour t’accueillir à bras ouverts Retenant en moi l’explosion de joie De nos retrouvailles d’au-delà de la vie.
(Guillaume Prevel)
Ma vie est un labyrinthe, mais après réflexion, je préfère entre tout, cette phrase d’ Hannibal lors de la Traversée des Alpes en 212 av. JC
“Nous trouverons un chemin... ou nous en créerons un !”
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