Je suis minimaliste, ou du moins j’essaye... Et là, je me suis interrogée : qu’est-ce que le minimalisme et comment en suis-je arrivée à devenir minimaliste ?
Êtes-vous déjà rentré après une journée de travail en hiver, alors qu’il fait nuit, dans votre logis pour découvrir un bazar sans nom, une pile de linge à laver (plutôt une montagne), un stock de toiles d’araignées dans les angles du plafond, des jouets qui trainent (que celui qui n’a jamais marché pieds nus sur un légo me jette le premier pavé) et une table de salle à manger croulant sous les outils et accessoires les plus divers mais n’ayant qu’un lointain rapport voire aucun avec les plaisirs d’un fin gourmet pour finalement se mettre à hurler comme un putois?
Moi, oui.
Et ce très souvent.
Tous les jours...
Et là, qu’avez-vous fait, vous ?
Parce que moi, je me suis à chaque fois finalement posée dans le canapé du salon et j’ai ouvert un bon bouquin (voire même parfois, une daube intersidérale) qui me permettait de m’évader un moment d’un quotidien oppressant.
J’ai fait cela de nombreuses années…
Alors, me direz-vous, comment en suis arrivée à être minimaliste ?
Le besoin de créer dans un espace épuré.
Et oui, pour que je puisse concevoir ou créer une œuvre, j’ai un besoin intrinsèque de faire le vide ; dans ma tête, dans mon corps, ne pas être serrée dans ses vêtements, ne pas être oppressée, et cela devenait impossible dans un environnement surchargé.
Alors, pour la plupart des gens, le minimalisme évoque une cabane au fond des bois sans eau et sans électricité ou un appartement ultra design, entièrement blanc, sans aucune décoration qu’un tableau noir représentant un chat anthracite fermant les yeux dans un tunnel...
Mais non, le minimalisme, ce n’est pas ça!
Le minimalisme c’est déterminer ses besoins et éliminer pas à pas mais sans états d’âmes tout ce qui est superflu.
Et le superflu nous en avons beaucoup : un réfrigérateur rempli à ras bord de nourriture au cas où le supermarché fermerait ¼ d’heure plus tôt, un dressing surchargé car nous n’avons rien à nous mettre malgré les 38 robes, les 54 pantalons et des milliers de paires de chaussettes (pour la plupart orphelines certes), de la décoration à foison dont le panier en osier fuchsia offert par la grand tante Marceline dont nous ne séparons pas au cas où elle passerait à l’improviste, des centaines d’accessoires de cuisine dont l’éplucheur de pommes à manivelle, le coupe pommes en quartier et l’enleveur de trognons de pomme..
Bref, nous sommes englués dans une routine de conservation, d’achat, d’habitudes ou en tout cas, moi je l'étais.
Alors, nous passons notre temps à ranger : ou très exactement à trouver des moyens d’organiser notre environnement (ou bazar). Le petit meuble de chez Ikea parfait pour ranger ses sous-vêtements, le lot d’étagères à fixer en hauteur afin d’utiliser l’intégralité du mur, la caisse spéciale jeux vidéo.
Mais je ne parle pas uniquement des possessions matérielles : combien de fois avons-nous regretté cet énième diner avec la vieille amie de fac dont la conversation se limite depuis 20 ans à ses relations difficiles avec la gent masculine et les problèmes gastriques de son cochon d’inde. Rappelez-vous ce collègue que par inadvertance vous avez un jour invité à boire un mojito et qui vous harcèle tous les vendredi soir pour sortir (merci le Covid, vous avez déjà éliminé ce problème récurrent).
Les papiers, les documents, les factures, les publicités que nous décortiquons page par page afin d’être surs de ne pas louper la bonne affaire, les soldes dans l’espoir de se gargariser d’avoir enfin trouvé des chaussettes de qualité (qui ne se trouerons pas au bout de 2 lavages) à prix ultra compétitif.
Et tout ça pourquoi ? Finir par rentrer le soir pour retrouver sa cathédrale de linge, son temple de publicité , sa passion des toiles d’araignées et terminer aphone?
Et bien un jour, j’ai craqué.
Alors je vous rassure, point de psy pour moi ou de Fleurs de Bach (j’ai découvert hier à quoi cela servait : « Les fleurs de Bach peuvent changer des émotions négatives en leur pôle positif. » sans commentaire … )
Mais une décision, une seule, évacuer tout ce qui était toxique pour moi.
C’est à dire, vider un par un chaque tiroir, chaque placard de la maison ; ôter tout ce qui n’est ni utile ni beau de mon environnement, enlever les espaces plats (si c’est plat, mon instinct territorial m'incite à poser quelque chose dessus), enlever la plupart des meubles (vides désormais).
N’acheter que ce dont j’ai besoin en choisissant toujours le plus beau et le plus qualitatif tout en restant dans mon budget quitte à longtemps économiser.
Vider 90% de ma garde-robe en ne gardant que les pièces que j’aime porter et de qualité.
Éliminer le numéro de la vieille amie de fac de mon téléphone ainsi que le panier en osier de tante Marceline.
Bon j’avoue, parfois je mens un peu et je dénonce mes enfants qui ont malencontreusement mis le feu au panier … j’ai honte… c’est bon la honte…
Toutes les factures sont payées dans les 8 minutes après réception, les publicités sont génocidées et ne rentrent même plus dans la maison. J’ai vidé ma boite mail et exterminé drastiquement tous les abonnements à des newsletters puis découpé soigneusement toutes mes cartes de fidélité (j’ai gardé celle d’Ikea …).
Et là ; le plaisir. Des heures de nettoyage en moins par semaine, un intérieur quasi toujours rangé (presque) voire propre (parfois), un compte en banque en super forme, et de vrais amis à qui je puis consacrer le plus de temps possible dans un planning surchargé.
Alors, oui, je crie toujours après mes enfants mais ce n’est plus par stress, c’est uniquement pour l’honneur...
Et enfin j’ai pu recommencer à créer. Laisser mon esprit s’évader, concevoir la beauté, fermer les yeux et amoureusement caresser un morceau de marbre, sentir l’odeur de la cannelle dans la cuisine et admirer la neige à la nuit tombée.
Alors non, le minimalisme n’est pas ce que vous pouvez lire dans les magazines féminins chez le dentiste.
Le minimalisme c’est se ressourcer, se perdre dans la flamme sans que l’esprit ne soit perturbé, c’est dessiner un chevalier médiéval et le faire galoper dans son carnet de croquis ; c’est être au cœur de soi, se lover dans son monde et s’y sentir en sécurité. Regarder ses amis et sa famille avec bienveillance et indulgence, se voir soi-même et accepter ses rides de rires, ses seins alourdis par les grossesses et sa chevelure qui s’argente .
Le minimalisme, c’est admirer la pureté de la courbe d’une sculpture antique, c’est prendre plaisir à déjeuner quotidiennement avec des couverts d’argents et des verres de cristal ; c’est aimer les autres et s’aimer soi-même.
Le minimalisme, c’est vivre tout simplement en harmonie.
Qu’attendez-vous pour me rejoindre ?
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